Organisation du métier et fabrication
La fabrication du chapeau est faite par les chapeliers, une profession attestée à Paris depuis 1323 (Livre des métiers d'Étienne Boileau), qui est parfois regroupée avec celle des bonnetiers qui utilisent eux aussi du feutre (Rouen, Marseille). À Paris, les chapeliers sont d'abord divisés entre chapeliers de feutre, chapeliers de coton, de plume ou encore ceux de fleurs, avant d'être réunis, puis au XVe siècle, érigés en un métier distinct des bonnetiers. Le métier existe également dans d'autres pays : les chapeliers londoniens sont une corporation florissante aux XVIe et XVIIe siècles.
Le métier, à savoir l'accession à la maîtrise, le travail effectif et la qualité de la production, est réglementé par une série de statuts (1387, 1578, 1612, 1658) et par une série de règlements sur la qualité au XVIIIe siècle.
À la disparition des corporations, à partir de la Révolution française pour la France, la fabrication du chapeau devient également le fait des modistes. Dès le XVIIe siècle, les manufactures de chapellerie complètent la production en atelier : les chapeaux sont produits en plus grand nombre et en prêt-à-porter.
Les principales techniques de fabrication des chapeaux sont mises au point au XIVe siècle et n'ont guère évolué depuis. Quel que soit le matériau utilisé pour faire le feutre (castor ou bièvre (ancien nom du castor), laine, vigogne (un camélidé de la famille des lamas), etc.), les étapes de fabrication ne changent pas. Ces étapes sont au nombre de cinq, dont une subsidiaire : préparation du poil, foulage, mise en forme, teinture et garniture.
- La préparation du poil consiste à couper le poil de castor et de vigogne des peaux, puis à les épurer en les arçonnant (une sorte de cardage).
- Le foulage est la transformation de ce poil en feutre : avant la mécanisation au XIXe siècle, le poil ou la laine cardés sont agencés en sorte de triangles nommés capades, que l'on réunit pour former une cloche. La foule, par l'action de l'eau chaude et du mouvement de va-et-vient et de pression de l'ouvrier, feutre la cloche et lui donne de la solidité et son caractère imperméable. Avec la mécanisation, le poil et la laine sont directement soufflés sur une forme de cloche avant que celle-ci soit foulée. Pendant cette opération, la cloche perd les deux tiers de sa taille originelle.
- La mise en forme fait passer la cloche au stade de chapeau : elle est placée sur une forme en bois, qui comprend seulement la calotte (jusqu'au XIXe siècle) puis la calotte et les bords. Au XIXe siècle, la cloche peut être mise en forme par pression sur des formes en métal.
- La teinture est une étape subsidiaire. Elle consiste à plonger le chapeau dans un bain de teinture (pour la couleur noire on utilise de la noix de galle puis avec les progrès de la chimie des teintures chimiques) en alternant bain et oxydation en plein air. La majorité des chapeaux sont noirs, mais on peut les teindre en d'autres couleurs, dès le XVIe siècle : le rouge est une couleur appréciée, en 1610 Louis XIII se fait livrer un castor teint en "vert de mer".
- La garniture finalise le chapeau : après séchage il est déformé de sa forme en bois, les poils disgracieux sont coupés ou brûlés, on le recouvre d'un apprêt imperméabilisant, on lui ajoute une coiffe et un cordon, et parfois des broderies.
En matière de chapeau le prêt-à-porter est la norme. En 1843, deux chapeliers français, M. Allié et M. Maillard firent breveter un outil, le conformateur, qui permettait de relever la conformation précise de la tête. La conformation des chapeaux était une étape de la vente obligatoire du fait de leur rigidité (haut-de-forme, chapeau melon, canotier). Elle était assurée par le chapelier de ville. Cet outil, principalement dédié aux chapeaux sur mesure, est encore utilisé pour la fabrication de certains chapeaux de théâtre. Les formes standard sont toujours utilisées pour les chapeaux de grande distribution suivant trois conformations : l'ovale normal, l'ovale allongé et l'ovale rond.